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 Grandes Chasses au Singou. 2ème partie

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koba
Légende !
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koba


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Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Empty
MessageSujet: Grandes Chasses au Singou. 2ème partie   Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Icon_minitimeMer 19 Sep 2007 - 21:53

Jeudi 20 février 2003. Singou, piste centrale.

La nuit qui nous a permis de récupérer des efforts de la veille n’est pas encore achevée. Le 4 x 4 va bon train. L’air est frais et la poussière, omniprésente. Nous somnolons plus ou moins, engoncés dans nos chèches, quand nous sommes propulsés vers l’avant ! Le Toyota a pilé.
« Buffles ! »
Cinq ou six formes noires se déplacent lentement, à trois cents mètres sur notre gauche. Un meuglement retentit sur notre droite.
Le gros du troupeau a déjà traversé la piste et s’enfonce dans la savane, mais seul le petit groupe de gauche semble retenir l’attention de Salif et d’Abdoulaye.
La lumière est tout juste suffisante pour l’instant, mais le jour arrivera vite.
Les Buffles mangent, bougent peu. Pas de couvert végétal pour protéger notre avancée, mais nous sommes à bon vent. Tout le monde descend !
Deux cents mètres, à faire à genoux sur la latérite…Evidemment, pas de buissons ni d’arbustes susceptibles de camoufler notre approche.
Les cinq Buffles n’ont pas senti notre présence.
« Devant. Celui de face, qui remue la queue. Tu le vois ? »
Je me relève très doucement. Au bout d’une éternité, le Buffle pivote sur sa droite, me présentant son flanc gauche. 80 mètres. Pleine épaule, un peu haut, sur les conseils d’Alain.
Le départ du coup et le relèvement du canon me font perdre ma cible de vue.
Où est-il ? Le Buffle qui l’accompagnait n’a pas bougé, et regarde dans notre direction.
Mon Buffle est couché, à ses pieds. Il essaie de se relever, en vain. L’omoplate est pulvérisée, et la colonne est certainement touchée.
Course dans les pailles.
Le page se décide enfin à fuir.
Je croise le regard de son maître, toujours à terre.
Du sang rouge s’écoule de ses naseaux.
Une balle d’épaule, inefficace, puis une balle de cou.
C’est terminé. Le Buffle, MON Buffle est mort. C’est évidemment le plus beau Buffle de toute la terre africaine…



Le trophée est magnifique, deux cornes noires de longueurs inégales, crevassées, usées, lisses et douces à caresser. La puissance qui se dégage de cet animal, même couché à jamais, est impressionante. La peau noire est un livre ouvert qui raconte la vie du Buffle : plaques de boue séchée du dernier point d’eau, griffures d’épines sur les flancs, cicatrices d’anciens combats sur l’épaule gauche, vieille blessure à la cuisse, dûe à la balle artisanale d’un fusil bricolé de braconnier…
Photos. S’asseoir. Savourer le moment, unique. C’est incroyable. Comment ai-je réussi à faire cela ?
La Brousse, hier inflexible, nous a aujourd’hui offert un Buffle.

Le jour finit de se lever.
Hisser l’animal à l’arrière du Toyota pour le ramener au campement nous prendra 2 heures, à 5 personnes…

La journée se passe sur un nuage…
Et je n’ose croire mes yeux, le soir, quand, sur le chemin du retour, ils se posent sur la tache claire que forme le pelage d’un Koba au pied de grands rochers émergeant des pailles. L’animal est loin, plus de 130 mètres, debout, de profil.
Il ne bouge pas. Alain annonce un mâle, très vieux. Le trophée est correct. C’est un animal à prélever avant le lion…
Le premier tir est bon, mais le Koba ne tombe pas.
Deuxième, puis troisième balle dans les rochers…et le Koba ne bouge pas !
Calme-toi, Christophe, concentre–toi !
Quatrième balle.
Il s’effondre.

Nous nous précipitons.
Le Koba est mort. C’est un animal d’une maigreur effrayante. Son genou droit est énorme, enflé de pus. Je comprends mieux son absence de réaction : la fièvre le tuait. Mort sur pied…Son trophée, usé, est lisse. C’est effectivement un très vieil animal, malade, dont j’ai finalement abrégé les souffrances.
Alain décide de le faire constater comme « tir sanitaire » auprès du garde des Eaux et Forêts du Camp. De cette façon, je peux encore espérer gagner un Koba « à la régulière »…Nous emportons l’animal qui, malgré la terrible odeur de mort qui s’en dégage, finira dans les marmites locales…



Du vendredi 21 au dimanche 23 février 2003.

Trois jours encore, à courir derrière un grand Koba.
Après la réussite d’hier, l’équipe est plus détendue, et c’est presque en sifflotant que nous effectuons au Camp les derniers préparatifs pour la chasse d’aujourd’hui.
Les Kobas. Pas un, ni dix, mais des troupeaux entiers, qui défilent sous nos yeux.

Avant dix heures, ils sont absents, invisibles. Et puis, la chaleur augmentant, les premiers Hippotragues font leur apparition, souvent par groupe. On voit également quelques femelles et leurs jeunes de l’année. Plus rares sont les solitaires, et évidemment, ce sont eux qui nous intéressent !
Combien d’approches ai-je effectué durant ces trois jours ? Cinquante ? Cent ?
La finesse de cette quête m’impressionne autant, si ce n’est plus, que celle du Buffle. La chasse du Buffle est une lutte entre les hommes et un troupeau.
Le Koba est un adversaire solitaire. Sa chasse est un duel.
L’antilope rouanne, la plus grosse d’Afrique après l’Eland, peut disparaître comme un fantôme derrière le tronc d’un arbuste qui dissimulerait difficilement un gros Margouillat.
Il voit, sent et entend mille fois mieux que nous.
Pendant deux jours, toutes nos approches vont échouer… Le Koba est le plus fort.
Samedi 22 février. Alain et moi sommes en Brousse. Le Koba que nous tentions d’approcher a été plus malin que nous, et nous repartons vers la voiture. Au milieu de nulle part, un éclat métallique attire mon regard. Sur le sol, à mes pieds, une balle blindée, de .458. Cette balle a été tirée, comme en témoignent les stries imprimées sur la chemise du projectile.
Quelle peut être l’histoire de cette balle ? Tirée par un chasseur, il y a au moins trente ans, avant la mise en réserve de la zone ? Tirée par un braconnier, sur un Eléphant pour l’ivoire ou sur un Buffle pour la viande ? Elle a passé des dizaines d’années, à attendre que je la ramasse. Si elle pouvait parler…

Ce dimanche 23 février est le dernier jour de chasse. Cahoté par le Toyota, je suis perdu mes pensées…La « malédiction » va-t-elle continuer ?
Depuis 1998, fasciné par ce trophée d’Hippotrague aperçu lors d’un séjour au campement de Kédougou, je cours après la grande antilope. D’abord en Falémé, au Sénégal. J’ai surtout là-bas le souvenir du bruit dans les grandes pailles….quand nous nous sommes « tapés » dans un groupe de Kobas invisibles qui a démarré « plein gaz », aussi surpris que nous...


J’ai aussi le souvenir des pistages éprouvants, les yeux rivés aux empreintes de ces diaboliques animaux, qui finissaient par effectuer un cercle complet pour mieux nous éventer… J’ai enfin pu voir, presque toucher mon antilope fétiche en R.S.A. en 2001, sans pouvoir la chasser. Le montant de sa taxe d’abattage dans le Kalahari était de toute façon très, très dissuasif…
Mais ici, chez elle, dans la savane du Burkina Faso, je pensais avoir mis toutes les chances de mon côté pour la vaincre. Je me rends compte qu’il ne reste que quelques heures…

« Lions ! » Le 4 X 4 s’arrête brutalement, moteur coupé. Nous sommes près d’un point d’eau. Au frais, sur l’herbe verte, un grand mâle, avec une belle crinière pour cette partie de l’Afrique, est couché avec sa compagne à ses côtés. La Belle est la première à se fondre dans les pailles toutes proches. Le mâle, sûr de sa force, se lève lentement, et marche sur les traces de sa femelle. Mais lui s’arrête avant le rideau végétal, se retourne et nous regarde fixement.
Quel magnifique animal !
Le silence n’est rompu que par les déclics de l’appareil photo. Au bout de quelques minutes, la Brousse se referme sur le fauve.
Nous aurons réussi à apercevoir tous les grands mammifères de cette fantastique zone de Singou ! C’est une réussite totale.
Un peu plus loin, un petit groupe de Kobas traverse la piste sous notre nez. Parmi eux, un bon mâle. Le galop des antilopes n’étant pas trop rapide, on peut tenter une approche.
Salif en tête avec le trépied de tir, Alain , Abdoulaye et moi. Le troupeau redémarre, et nous entraîne à sa suite. Nous marchons depuis vingt minutes sur les traces des antilopes.
Un mouvement, sur notre droite, attire mon attention, ainsi que celle de Salif.
A 150 mètres de nous, à l’ombre d’un arbre, un Koba nous fait face. Immobile.
Conseil de guerre : Salif est sûr que c’est un mâle, et qu’il ne nous a pas vus.
De maigres buissons nous permettent de gagner quelques mètres.

Trépied.
Autorisation de tir d’Alain.
Coup de tonnerre.
L’antilope, au grand galop, vient sur nous, puis bifurque sur sa droite et disparaît.
J’ai tiré de face, plein poitrail. Un tir inhabituel, mais certainement le tir de la dernière heure.
La trace est rouge de sang. L’atteinte est indéniable. Mais où se situe-t-elle ?
J’étais persuadé que le Koba allait s’effondrer.
Il faut se préparer à une longue traque…de moins de cent mètres : un Koba est là, arrêté, de profil et à découvert, surplombant un lit de rivière asséché.
Une position parfaite, mais est-ce notre gibier ?
Aucune trace de sang n’est visible. Et pourtant, l’animal ne bouge pas ! Il ne semble pas nous voir, alors que nous sommes quasiment nez à…muffle.
Le souvenir de cette chasse au Cob de Buffon, et du doublé involontaire qui a failli se produire, me traverse l’esprit…
Alain parle très vite avec les pisteurs : « Tire, c’est lui, c’est sûr ! »
Je vise le défaut de l’épaule. C’est une erreur, le Koba, quoique touché, démarre, traverse le bako à sec…et s’arrête encore. Troisième balle, au même endroit. « Qu’est-ce que tu fous ? » L’antilope avance encore, au pas. Elle est sorti du bas-fond, et se couche. Balle d’achèvement.
C’est terminé.
Mon grand Koba est mort. Je caresse son pelage, sa crinière d’Antilope-Cheval. Ses cornes sont somptueuses, longues et très larges. Le masque noir et blanc de sa face est magnifique, tant de fois représenté dans l’art africain. Ses grands yeux noirs ne se ferment pas.

Ma quête s’achève. De la latérite rouge de Falémé à la savane brûlante du Singou, j’ai longtemps marché derrière ce fantastique animal, toujours plus fort que moi. Même aujourd’hui, je sais que pour l’atteindre, la part de chance a été plus grande que la part de science.
Chance, toujours elle…Souvent là. Encore faut-il la saisir !
Elle m’a encore aidé à prélever trois superbes bêtes de chasse, à approcher le mythe du Buffle et à « gagner » le Koba dans les règles de l’art.

Je crois qu’un jour va venir, où je n’aurai plus ma carabine à traîner en Brousse…
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MessageSujet: Re: Grandes Chasses au Singou. 2ème partie   Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Icon_minitimeMer 19 Sep 2007 - 22:09

Merci de nous faire revivre ces aventures de chasse. Vu ton pseudo je pense que c'est le Koba qui t'a le plus marqué, ou qui comme le Koudou pour le grand Ernest, a le plus marqué tes rêves.
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MILOUIN 66
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MessageSujet: Re: Grandes Chasses au Singou. 2ème partie   Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Icon_minitimeMer 19 Sep 2007 - 22:24

Que ce jour arrive le plus tard possible,tu nous regales Koba
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pat77
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MessageSujet: Re: Grandes Chasses au Singou. 2ème partie   Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Icon_minitimeMer 19 Sep 2007 - 22:28

Bonsoir,

Très ,très beau récit !
Merci à toi de nous faire vivre ta passion de l'afrique et la chasse de ses grands animaux.

Pat.
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MessageSujet: Re: Grandes Chasses au Singou. 2ème partie   Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Icon_minitimeLun 24 Sep 2007 - 11:25

Je viens juste de découvrir ton récit,honnêtement l'Afrique n'est pas ma destination préférée,mais présentée par toi ,avec ta passion et j'oserais dire ton éloquence ,on s'y croit et on en rêve.
Bravo
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koba
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MessageSujet: Re: Grandes Chasses au Singou. 2ème partie   Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Icon_minitimeLun 24 Sep 2007 - 13:55

Merci.
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MessageSujet: Re: Grandes Chasses au Singou. 2ème partie   Grandes Chasses au Singou. 2ème partie Icon_minitime

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