Nuit inoubliable
C'était il y a quelques années, un mardi soir qui suivait le week-end de l'ouverture. C'était ma première année de "huttier", et j'avais acquis comme jeu d'appelant quelques sarcelles, 2 couples de siffleurs et des colverts, mais ce n'était que des jeunes donc je ne m'attendait pas à grand chose. J'avais loué un tour de hutte avec 2 copains. Mais ce soir là mes 2 potes ne pouvaient pas venir. J'avais hésité a y aller car je ne connaîssai pas encore les rudiments de l'attelage, mais j'y suis tout de même parti plein de courage et de rêves pour cette nuit qui approchée.
Arriver à la hutte, j'enfile mes waders (toutes neuves, la classe quand même!!!!!) et me suis mis à atteler comme j'ai pu, mais surtout avec beaucoup d'imagination.(5 ou 6 sarcelles, 4 siffleurs, 2 demi cri, 3 maillards, 1 court cri et 3 chanteuses) Voila j'étais enfin prés à attendre les oiseaux venus du ciel. Il n'y avait pas de vent mais bon, « la semaine de l'ouverture est toujours bonne » m'avait on dit. Le seul soucis était que j'avais un très gros concurrent à coté (un flaque 3 fois comme la mienne environ 4 ha) et je m'attendais à me faire « récauffer », comme on dit par chez moi.
La passée du soir RAS de chez RAS, donc je rentre dans la hutte. Juste le temps d'enlever les bottes, la veste, et de monter la lunette sur le fusil, je me mis aux trappes.
Et là, première montée d'adrénaline, je vis une bette dans le blanc sur la gauche. Après un coup de jumelles, pas de doute c'est un canard. J'attrape tout tremblant mon fusil, je pris soin de bien le centrer dans le U et BOUMMM puis reBOUMMM pour la racheve. J'étais fou de joie d'avoir prélever mon premier canard, mais quand je suis allé le chercher ma joie descendis d'un cran, c'était un « gros » (un male colvert pas très pur à mon avis). Mais j'étais quand même fier d'avoir était le premier à tirer de la nuit. Et d'ailleurs je le suis resté pendant 2 heures jusque au moment où mon voisin envoyant 3 bordées en 30 minutes. Ca y est je me fait « récauffer » me suis je dis.
Mes appelants ne donnaient pas du tout, à par les chanteuses et quelques sarcelles qui cherchées leurs voix. Vers 1h30, le marchand de sable avait eu presque raison de moi quand j'entendis un "Wou wiou" un peu hésitant suivit d'un raillement fébrile de cane siffleur. Non je n'avait pas rêver c'était bien mon mâle de gauche qui avait donné et cela reprit de plus belle suivit de mon autre mâle siffleur et des canes sarcelles. Comme si la mare s'était réveillée de son sommeil, j'entends encore cette attaque de fou pendant 10 secondes avec sarcelle, siffleur et colvert mélangé. Quel bonheur!!!!
Puis d'un seul coup plus rien, le calme plat, après un coup de jumelles je ne vis rien, à par un paquet de blettes un peu plus étoffé à mon goût qu'en début de nuit. Après quelques temps d'attardement sur ce paquet de blettes, j'y vois sortir 4 petites boules noires (et oui des boules car j'avais à l'époque de vieille jumelles) qui filent en ma direction, qui s'arrêtent et commencent à grignoter les petits herbus. Elles étaient à 25 mètres, et là pas de doute, ce sont bien des sarcelles, voila enfin du sauvage. Mais là, problème, car elles étaient tous éparpillées à 1 ou 2 mètres l'une de l'autre. Tan pis je tire, a trop attendre je vais me faire avoir. J'en prend une sûre, et une autre était presque sur la barre du U, mon canon claqué légèrement sur le créneau tellement je tremblais. Mon doigt pressa la queue de détente qui lâcha ma 40 grammes, BOUMM. Une séchée nette et une autre qui file, reBOUMM. Je me revois encore les ramasser, j'en étais presque triste pour elles tellement elles m'avait fait vivre un moment inoubliable. Après les avoir contemplée et inspectée pendant un long moment, je me remis aux trappes Heureux comme un gamin. Le reste de la nuit ne donna rien, ni même la passée du matin.
Je remercie Zorro, Tornado et leurs compagnes (mes deux couples de siffleur), Sweety (ma Championne de sarcelle) et les autres que je ne citerais pas, pour m'avoir fait vivre une nuit inoubliable et qui d'ailleurs, même depuis le temps, m'en font vivre encore.(Je n'ai pas trouvé d'aussi bon siffleur que c'est deux là, des vraies machines) Pas inoubliable pour le tableau qui resta modeste mais pour ma première nuit de huttier et le sentiment de fierté d'avoir prélevé ces 2 sarcelles venu d'ailleurs avec « MON attelage ». Car pour moi le meilleur moment c'est d'entendre l'attaque, de voir travailler mes bêtes puis de voir la pose, le tire ne reste que secondaire.