Chapitre III: Rencontre

Je poste les dernier texte que j'ai dans l'ordi. Il est dédié à tous ceux qui me soutiennent ! Merci !

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Dans la forêt sombre à proximité de l'entrée de Miellin, à côté d'une route en ligne droite longue de 2 kilomètres, une jeune fille tenant un arc dans la main droite marchait silencieusement malgré les feuilles au sol.
Elle progressait ainsi en direction une compagnie de 7 sangliers en train de vermiller. Elle voyait à peine dans l'obscurité, mais elle se laissait guider par son instinct. Malgré tout, les pupilles dilatées, elle surveillait les animaux attentivement, sans ciller. Tous ses sens de prédateur étaient en éveil, pour sûr sa proie n'aura aucune chance.
Elle avait repéré une bête rousse à la patte cassée. Le pauvre animal boitait et était ainsi défavorisé par rapport aux autres animaux en pleine santé; il ne devait donc pas survivre plus longtemps. Elle se devait de le tuer, comme tout bon prédateur qui élimine les plus faibles. C’était la loi de la Nature donc la sienne.
Lentement elle s'approcha de l'animal qu'elle avait choisi. Les sangliers se trouvaient près d'un roncier, à 500 mètres environs du bord de la route. Les plus jeunes s'amusaient à se bagarrer entre eux tandis que les plus vieux fouillaient le sol tout en gardant un œil vigilant sur les cadets en plus des alentours. A la vue de cette scène, elle ne put s'empêcher de sourire, elle adorait voir les petits animaux jouer ainsi.
Cependant elle ne se détourna point de son objectif. Elle appréciait de tels spectacles et en profitait; mais la Nature ne connaissant point de sensiblerie, elle en faisait aussitôt abstraction lorsqu'elle chassait. Elle avait le caractère ainsi fait qu'elle obéissait presque exclusivement aux lois de Gaia. Elle se connaissait des sentiments humains, puisque l'Homme faisant également partie de la création, elle ne pouvait y échapper.
Pour l’instant, elle avait réussi à s'approcher de la compagnie jusqu'à une quarantaine de mètre environ. Elle profitait de l’absence de lumière pour faire des mouvements amples et plus silencieux. Ainsi les sangliers ne la virent point. De plus un léger vent venait lui chatouiller le visage emportant avec lui son odeur et le peu de bruit qu’elle faisait. Les animaux étaient donc parfaitement calmes. Quelques fois, lorsqu’elle faisait craquer une feuille, la laie meneuse levait la tête dans sa direction et elle l’entendait prendre le vent, en vain. Cependant la suitée devenait de plus en plus nerveuse et la jeune fille pensait qu’elle l’avait repéré. Ce qui lui semblait le plus bizarre c’était que la laie meneuse ne regardait pas dans sa direction, mais vers le cœur de la forêt. La chasseuse entendait également des bruissements parmi les feuilles mortes. Qu’allait-il arriver ? Elle ne pouvait rien prévoir car tout était possible à la chasse. Tant pis, elle improviserait comme d’habitude. Pour l’heure, il lui fallait son sanglier.
Au moment où elle saisissait une flèche dans le carquois qu’elle portait sur le dos, elle entendit derrière elle des bruits de pas rapides puis plus rien. Elle se retourna doucement, eut un mouvement de surprise et soupira silencieusement. La pression retomba, ce n’était qu’une chevrette. Le bruit des pas se fit à nouveau entendre. L’animal l’avait senti, mais ayant reconnu le danger, s’était simplement enfuit sans aboyer. C’était précisément ce dernier point qui avait soulagé la jeune fille.
Elle reporta son attention sur les sangliers. Heureusement ils n’étaient pas partis ! Toutefois ils surveillaient les alentours avec plus d’insistance. Elle décida de les laisser se calmer un peu avant de tirer. Elle n’aimait pas que les sangliers soient autant en alerte et tenait toujours son arc et sa flèche devant elle, au cas où.
Au bout de cinq minutes, les sangliers s’étaient calmés. Le moment de tirer approchait. Elle profita qu’au loin se fasse entendre le vrombissement d’une voiture pour tendre sa corde. Pour sûr la voiture allait au village. Elle passerait bientôt à côté d’eux et pourrait alors tirer sans que les sangliers n’entendent le « tchok » que ferait sa flèche lorsqu’elle la décocherait. Les suidés n’ayant pas peur du passage d’une voiture, resteraient peut être en place ? Qui sait, elle pourrait peut-être même en avoir un second ?

DéeSse

Tu fais passer ta passion à travers tes récits.Un régal.

Merci, je suis contente alors ! Bonne lecture !

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La bête rousse blessée se tenait un peu à l’écart par rapport au reste de la compagnie. Le moment était idéal car l’animal était en plus excellemment positionné. Mais à l’instant où elle tendait la corde, un bruit affreux retentit. Elle en avait déjà entendu des pareils et savait malheureusement ce que cela signifiait. De rage, elle poussa un hurlement qui fit fuir toute la compagnie déjà en alerte. Elle ne fit plus attention aux sangliers et baissa son arc d’un geste brusque. Son arc faillit tomber à terre, mais fut si pressée d’aller voir ce qui se passait, qu’elle l’emmena avec elle. Elle courut jusqu’aux abords de la route.
Qui donc pouvait bien traîner sur la route et en plus lorsqu’elle chassait ? Elle était en colère après celui qui l’avait ainsi dérangé. La modernité l’exaspérait au plus haut point ! Déjà qu’on lui découpait sa forêt avec des routes. Il fallait maintenant qu’on inventa des machines à tuer les animaux sur ces mêmes axes ! Arrivée en lisières de forêt, elle prit soin de trouver un endroit discret d’où elle pourrait voir ce qui se passait.
Elle vit une voiture arrêtée sur la route. Elle chercha des yeux l'animal qui avait été percuté. Elle l’aperçu dans le fossé de l'autre côté de la route, à une soixantaine de mètres de la voiture. Elle regarda ensuite derechef du côté de la voiture, mais pas de conducteur en vue. Il ne tarderait certainement pas à sortir.
Elle avait raison car un instant plus tard, un jeune homme sortit de l'automobile accidentée. Elle l'entendit proférer des injures si immondes à ses oreilles qu'elle les boucha un instant. Elle se dit qu’il fallait redoubler de prudence.
Elle ne le quitta cependant point des yeux et constata avec joie qu'il s'intéressait plus aux dommages causés à sa voiture qu'à l'animal mort. Elle avait encore une chance de récupérer le cadavre. En effet, par principe, il était hors de question de laisser une telle créature à une personne aussi peu irrespectueuse d’un être vivant. Qui plus est, quand cette personne est un jeune homme et qu'elle ne s'inquiète même pas de savoir si l'animal est mort ou non ! Quelle honte !
Profitant que le conducteur soit passé devant la voiture et agenouillé, elle sortit précipitamment de sa cachette dans un simple bruissement de feuille. Elle traversa ensuite la route à une vitesse incroyable, telle une balle sortant du canon d'un fusil. On aurait presque dit qu'elle volait... En une fraction de seconde elle se retrouva dans la partie de forêt située de l'autre côté de la route. Au passage elle avait réussi à emporter l'animal avec elle. Sans bruit cette fois elle avait trouvé refuge dans un buisson.
De là elle pouvait également observer l'inconnu. Une fois assurée qu'elle était parfaitement invisible, elle déposa l'animal à terre et reporta son attention sur le jeune homme. Celui-ci regarda encore quelques instants sa voiture puis s’en alla couper le contact de celle-ci. Une lampe de poche à la main, il s'approchait maintenant de l'endroit de la collision. Le cœur de la jeune fille commença à battre la chamade car elle avait peur qu'il ne la découvre cachée. Il la prendrait sûrement pour une espionne. Elle essaya de se calmer, mais en vain. Cependant ce fut avec grand plaisir qu'elle vit l'étonnement du jeune homme quant à la disparition de l'animal. Elle jubilait de lui avoir ravi la chevrette.
Pendant près de vingt minutes l'homme chercha l'animal, elle l'entendait de temps en temps se parler à lui-même. Son inquiétude croissait toujours quand il s'approchait d'elle. A ces moments-là elle s'immobilisait totalement, comme le faon qui se terre à l'approche d'un prédateur.
Finalement le jeune homme se détourna et rebroussa chemin jusqu'à sa voiture. Ceci la rassura, mais elle resta encore cachée jusqu’à ce que la voiture soit arrivée dans le village. Ce fut seulement à ce moment qu’elle sortit sans crainte de sa cachette. Avant de sortir totalement elle ramassa l'animal et regarda encore une fois autour d'elle. La forêt avait retrouvé son calme et son silence.

DéeSse

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Avec tout ce raffut, les sangliers devaient être loin désormais. Tant pis, elle les rattraperait un autre soir... Quelque peu dégoûtée que sa partie de chasse ait été gâchée comme cela, elle décida de rentrer chez elle.
Aussitôt dit, aussitôt fait. En un instant la jeune fille se retrouva chez elle. Sa maison était la première à l'entrée du village quand on venait par cette fameuse ligne droite. Sa maison était bâtie en rondin de bois et elle en était d’habitude très fière. Toutefois ce soir-là son humeur était tout autre.
A présent, elle se trouvait dans sa cave composée de quatre pièces: un garage pour une voiture, une buanderie, un dépôt pour ranger des affaires de jardinage et une pièce de chasse. Dans la buanderie, la deuxième plus grande pièce, se trouvait notamment un escalier qui menait à l'étage supérieur et un énorme frigo qui servait aussi de chambre froide. La jeune fille y accrocha la chevrette percutée puis ferma d'un coup plus sec que d'habitude la porte. Elle se dit qu'heureusement ce n'était qu'une jeune chevrette qui n'avait pas encore eu de petit...
Ensuite elle se dirigea, l'arc et le carquois à la main, dans la pièce de chasse. C'était la plus grande pièce de la cave. Il n'y avait pas d'accès au jardin, contrairement à la buanderie. Les 40 mètres de surface étaient recouverts de peaux de bêtes diverses, d'animaux empaillés, de meubles en bois et au centre de la pièce, huit fauteuils en bois disposés régulièrement en rond autour d'une table basse en bois sculpté. Un de ces fauteuils était plus grand que les sept autres, c’était son fauteuil préféré. Mais tous étaient recouverts d'un tissus vert printemps unis. Il y avait un fauteuil qui lui faisait face et les six autres se trouvaient, trois par trois, de part et d’autre. Quatre fenêtres laissaient entrer la lumière lorsqu'il faisait jour. De part et d'autre de chacune d'elles, des tableaux représentants des scènes de chasse étaient accrochés. Sur le reste des murs blancs, de nombreux massacres et des herbes séchées pendaient. Tous ces animaux avaient été tirés au cours des voyages de chasse de la jeune fille.
C'était sa pièce préférée. Chaque fois qu'elle y entrait elle se sentait à nouveau plongée dans les nombreuses aventures qui avaient précédées la récolte de ces trophées. Il lui arrivait souvent de s'asseoir dans le plus grand des fauteuils et d'y rester des heures entières perdue dans ses rêves. Elle avait parcouru les cinq continents et avait presque chassé tous les animaux possibles. Mais depuis cinq ans elle s'était installée à Miellin et avait décidé de s'occuper à temps plein de sa forêt.
Après avoir nettoyé son matériel, elle le rangea soigneusement dans une armoire dont le panneau central représentait une tête de cerf. Elle se précipita ensuite sur son fauteuil préféré. Elle demeura quelques instants sans bouger, en contemplant simplement le lustre en bois de cerf au-dessus de sa tête. Et puis elle baissa la tête vers la table basse sur laquelle était disposée un pot de fleurs, un bougeoir et un petit objet ressemblant à un croissant de lune. Elle saisit ce dernier des deux mains, le porta à son cœur et ferma les yeux. Elle resta ainsi une minute ou deux puis rouvrit les yeux, reposa l'objet sur la table, se leva et quitta la pièce, en refermant la porte derrière elle.

DéeSse

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Revenue dans la buanderie, elle ouvrir l’armoire qui lui tenait lieu de garde-manger. Sur la deuxième étagère en partant du haut, se trouvait alignées tout une série de bouteilles plus ou moins entamées. Elle saisit au hasard l'une d'entre-elles qui contenait un liquide couleur ambre, porta le goulot à sa bouche et but une gorgée. Au contact du liquide dans sa gorge, elle grimaça en frémissant de dégoût. Un instant plus tard elle se sentit mieux, sourit et déclara à haute voix: "Maintenant au lit !"
La jeune fille monta ensuite l'escalier et ouvrit une porte qui donnait sur un petit corridor vert. Il était chichement décoré. Une seule petite table avec un pot de fleurs et un porte manteau en pattes de cerf rompaient la monotonie de la pièce. Il y avait une lampe accrochée au plafond pour éclairer la petite pièce. Quatre portes complétaient ce modeste décor. La porte d'entrée de la maison, la porte de sa chambre à coucher qui se trouvait à droite de la première, celle qui menait à la cuisine en face de la porte d'entrée et à gauche de cette dernière, la porte de la cave. Après être remontée de la cave, elle ouvrit la porte de sa chambre à coucher et disparut à l'intérieur.
Le lendemain à l'aube une jeune femme au teint frais comme le matin, apparut dans la cuisine. Elle s'était déjà habillée pour la journée et paraissait d'attaque pour travailler au jardin. La cuisine était une pièce carrée. A gauche se trouvait une table où elle mangeait, une banquette était appuyée contre le mur où se trouvait la porte et de l'autre côté de la table, deux chaises attendaient d'éventuels visiteurs. Dans l'axe de la banquette une grande porte vitre, encadrée par une baie vitrée qui occupait tout le reste du mur, offrait une splendide vue sur le jardin. De même à côté de la banquette se trouvait une petite fenêtre au-dessus d'un lavabo. De cette petite fenêtre on pouvait apercevoir un passage pratiqué entre la maison de ses voisins et la sienne. Du côté droit par contre, pas de fenêtre mais c’était là que se trouvait la cuisinière ainsi que la plan de travail. A côté de ce dernier, vers la porte, se trouvait le réfrigérateur. Puis à côté de la porte d'accès au corridor, toujours à gauche, un buffet en bois se dressait jusqu'au plafond.
Elle chercha dans ce buffet une poêle et des œufs frais qui venaient de ses propres poules. Pendant que les œufs brouillés grésillaient dans un joyeux crépitement, elle chercha toujours dans le buffet, une assiette et un couvert. Une fois servie en œufs, lait et pain faits maison, elle s'installa à sa place favorite sur la banquette, en face de la baie vitrée. Elle dégusta son petit-déjeuner en admirant la beauté du soleil levant. Pour rien au monde elle ne manquerait ce moment magique. Elle mangeait toujours très vite afin d'aller le plus tôt possible au jardin. Attirée par la puissante lumière du soleil, elle se leva et alla plonger son regard...

DéeSse

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Par-dessus la terrasse à laquelle on pouvait accéder par la porte vitrée, s'étendait son grand terrain, elle n'aimait que les grands espaces. Pour simplifier les choses elle avait divisé son jardin en trois aires principales. La première était un verger où poussaient de nombreuses essences. On y trouvait entre autres pêchers, pommiers, poiriers, cerisiers, noyers. Elle passait un temps fou pour entretenir tous ces arbres. Une seconde aire était consacrée à une basse-cour (canards, oies, un couple de faisan vénérés et poules) et d’autres animaux (un cheval et une vache) vivaient en liberté dans le verger, ils grignotaient quelques fruits mais entretenaient surtout l'herbe qui poussait en dessous des arbres.
Souvent elle ouvrait la porte aux animaux de la basse-cour pour qu'ils aillent se dégourdir les pattes dans le verger. Elle avait construit entre le verger et la basse-cour, un chenil pouvant accueillir une meute de 12 chiens que lui avait offert son camarade regretté Peter. De cette manière les chiens montaient la garde. La dernière partie de ce jardin se situait juste devant la maison. Elle comptait un potager où poussaient des légumes notamment. En plus de cela il y avait un petit endroit réservé à du gazon. La basse-cour se trouvait juste derrière le potager et on y accédait par un chemin dallé passant entre le gazon et le potager. Juste entre le potager et la basse-cour, un petit ruisseau serpentait jusque chez les volailles. La jeune fille l'avait un peu détourné afin de construire une petite mare aux canards en même temps qu’elle irriguait son jardin. Cette petite mare abritait une petite tortue d'Hermann qui venait parfois chatouiller les pattes palmées des canards.
Devant la maison, il y avait également une partie gazonnée. Mais comme la propriété était sur le devant avec une palissade en bois, on entrait par un portillon. De ce portillon partait un second chemin dallé qui menait jusqu'à la porte d'entrée en chêne. La palissade s'arrêtait au niveau de potager, où elle était relayée par un grillage en fer maillée. Mais pour égayer le bas de la palissade, elle avait planté des rosiers rouges. Cela embellissait d'autant plus la propriété qu’en été les roses étaient splendides et surpassaient largement tous ceux du voisinage. Sa maison tout en bois se trouvait ainsi au milieu d'une mer de verdure et qu’elle aimait à surnommer "ma petite cabane".
Quand elle regardait par la baie vitrée, la maison de ses voisins, M et Mme Goissé, s'élevait à sa droite. Elle n'aimait pas trop le vieux couple. Elle les trouvait antipathiques et embêtants. Bien qu'elle n'ait jamais vu la vieille dame, elle l'avait assez souvent entendue appeler son mari d'une manière si désagréable que ça lui suffisait. Mais que dire sur son mari ! D'ailleurs en parlant du loup... M. Goissé venait d'apparaître dans son potager, juxtaposé au sien, un tuyau d'arrosage à la main. Elle lui lança un regard noir; elle exécrait ce petit vieillard chauve, trapu et à la figure pourtant joviale. Elle détestait surtout qu'il lorgne toujours sur le potager de sa voisine en faisant une mauvaise grimace. Elle savait que s'il avait eu l'occasion de répandre de l'herbicide sur le potager il l’aurait fait sans hésiter. En effet, il était jaloux des magnifiques plantes qui poussaient naturellement (sans engrais) dans le "jardin d'à côté", alors que lui n'aboutissait nullement au même résultat bien qu’il utilisait une tonne d'engrais.
Malgré son âge, le vieil homme avait encore de la force et souvent se querellait avec ses voisins.
En construisant sa basse-cour, la jeune femme avait détourné le cours de la rivière. Elle avait gentiment proposé à M. Goissé de le faire aussi passer par chez lui, mais ce dernier refusa et rétorqua que "si tout le monde puisait de l'eau dans le ruisseau, il n'y aurait plus d'eau". Non mais ! Ce vieux fou ne s'imaginait pas que le ruisseau avait une source ? Elle admit qu'il n'avait pas tout à fait tort, mais quand on arrosait son jardin et sa pelouse deux fois par jour (même en plein été), elle pensait qu'on avait tout intérêt à faire profil bas...
"Enfin bref, il était parfois difficile de ne pas s'énerver." pensa-t-elle en soupirant et en levant les yeux au ciel.

DéeSse

C'est très bien

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Elle se détourna de la baie vitrée et ne voulait pas sortir maintenant. Sur le plan de travail se trouvait encore un morceau de pain. Elle l'attrapa et mordit dedans. Quel bonheur de pouvoir savourer les produits qu’on confectionnait soi-même: cultiver, préparer, ramasser les œufs sans trop déranger les poules... En parlant de poules, elle pensa au coq qu’elle ne se souvenait pas d’avoir entendu ce matin. Même si sa chambre donnait sur la rue, le chant du coq était assez puissant pour qu'on puisse l'entendre dans le voisinage. Elle le préférait à tout autre réveil matin. Ce n'était pas normal. Que s'était-il passé ? Elle soupira profondément car elle était à présent obligée de voir ce qu'il était advenu de l'animal.
En descendant la petite allée dallée, elle passa à côté de M.Goissé qui s'attaquait au désherbage de ses parterres de fleurs au bord de son potager. Elle faillit rigoler quand elle vit l'acharnement du vieil homme pour entretenir quelques misérables fleurs. C’était pathétique. Elle regarda fièrement les bordures de sa propre allée envahit de lavandins, de tulipes, de pensées et de roses trémières. Elle lui dit bonjour par simple politesse. Il releva la tête, l'air fier de l'homme qui vient d'accomplir une grande tâche:
"Bonjour mademoiselle, vous allez bien ? Demanda-t-il courtoisement.
-Bien merci, répondit-elle."
Encore une chose qu'elle n'aimait pas chez lui. Malgré son âge, il ne pouvait s'empêcher de frimer devant une fille. Du moins c'est ce qu'elle pensait et ce genre d'attitude l'irritait au plus haut point. Même si elle le voyait rarement, il semblait toujours avoir une posture de dragueur et un mot un peu déplacé. Il aimait faire des blagues un peu scabreuses, le vieux pervers... Et puis souvent il la questionnait sur des sujets un peu trop personnels et elle ne voulait surtout pas qu'un homme s'immisce dans sa vie privée !
Pour l'instant ça allait. Il parlait de ses merveilleux chrysanthèmes qui, d'après lui, allait surpasser ceux de sa voisine. En disant cela il regarda le jardin de sa voisine du coin de l'œil, un grand sourire aux lèvres. La jeune fille sentit la moutarde lui monter au nez. Le vieux voisin était ouvertement en train de se moquer d'elle et elle détestait cela par-dessus tout ! Très fière, elle ne tolérait point une telle injure. Elle le fusilla du regard. Heureusement pour lui, ce matin son esprit était plus préoccupé par son coq et avait ainsi pour l'heure, d'autre chat à fouetter ! Et puis il fallait avoir pitié du vieil homme. Il était facile de critiquer les chrysanthèmes de la voisine quand cette dernière n'en avait point ! Elle avait du mal à contenir sa colère, mais lui répondit simplement :
« Mais ils ne sont pas encore en fleurs.
- Ce n’est pas grave, je sens qu’ils seront très beaux ! Lui dit-il.
- Je vous le souhaite, répondit-elle d’un ton ennuyé. »
M.Goissé enchaîna sur un autre sujet.
Il lui demanda si elle avait bien dormit parce que lui en avait été empêché par des miaulements de chats. Par mécontentement il avait jeté une pantoufle. Cette question la mit en colère. Elle ne lui laissa même pas le temps de répondre et s’en alla, furax, vers la basse-cour. Quelle indiscrétion ! Qu’elle ait bien dormit ou non ne le regardait pas ! Il tenta de la rappeler, mais offensée, elle ne daigna ne pas lui répondre :
« Quel sale caractère elle a celle-là, maugréa-t-il entre ses dents. Toujours en train de jouer les vierges effarouchées pour peu de chose ! Si ça continue comme ça elle finira vieille fille. Ce serait dommage car c’est qu’elle est mignonne la p’tite dame ! »
Il se retourna vers ses chrysanthèmes et leur dit d’un ton paternel :
« N’ai-je pas raison mes p’tits beaux ? Mais oui, vous êtes les plus merveilleux ! »
Il se remit ensuite à désherber et choyer ses massifs de fleurs. Quant à la jeune fille, elle arrivait à la basse-cour. Au passage elle était allée chercher de la nourriture pour les oiseaux. En la voyant ouvrir la porte, les poules, les canards et les oies se précipitèrent vers elle afin de recevoir pain et graines. Mais de trace du coq. C’était étrange. Elle s’accroupit et tendit ses mains pleines de graines aux oiseaux qui vinrent picorer. Puis elle se leva et lança assez de poignées pour que chacun puisse se rassasier.
Elle pouvait maintenant chercher le coq sans ennuyer les autres animaux. Elle commença ses recherches par le poulailler et trouva le coq gisant sur la paille. Quelque peu confuse elle attrapa le corps. A première vue il ne semblait ne rien avoir ; mais en soulevant le plumage au niveau du cou et de la poitrine, elle constata des traces de morsures. La jeune fille retourna compter les oiseaux, il n’en manquait aucun autre. Elle disparut à nouveau dans le poulailler en quête d’indices. Elle finit par découvrir que le mur du fond du poulailler avait été défoncé et qu’un trou avait été creusé sous le grillage de protection. Tout juste derrière ce grillage commençaient les champs appartenant à l’agriculteur du coin.
Pourtant le tohu-bohu fait par les oiseaux aurait dû la réveiller… Soudain les paroles de M.Goissé lui revinrent à l’esprit. N’avait-il pas parlé de miaulements qu’il avait entendu cette nuit ? Et si ces miaulements n’étaient rien d’autres que les cris poussés par les volailles affolées ? Le vieillard endormi avait sans aucun doute mal interprété les sons et aurait alors miraculeusement sauvé les animaux…
En regardant le coq entre ses mains elle se dit qu’il ne lui restait plus qu’à poser un piège pour capturer le prédateur.

DéeSse

Fin du chapitre...

Superbe chapitre

Merci beaucoup !

Prochain épisode, la recette du coq au vin.

Plaisanterie à part, continue Diana.

C est super Diana ! Mais tu le sais dejà ! ...

Merci Diana,continue.

J'ai lu avec beaucoup de plaisir, cependant quelques anachronismes, les tulipes ne peuvent pas fleurir en même temps que les roses trémières, et limite avec le lavandin. Ce qui m'interpelle aussi c'est la présence de bêtes rousses, ce qui nous situent vers septembre, l'obscurité et la nécessité d'une lampe semble nous indiquer des jours plus courts. La probabilité que la chevrette soit prise est à envisager.
Ceci dit le texte est construit, les descriptions nous mettent dans l'ambiance et c'est très bien.
Il ne faut pas m'en vouloir pour ces remarques, une critique doit être constructive. J'espère la suite.
Bien cordialement.
C.lopiat

Merci à tous, ça me fait plaisir !

Et je corrigerai mes petites fautes sans problème !

Diana et !

c est génial!!!
merci diana!!!!!