Le nuage de moustique…
Les nuits de hutte commence souvent comme cela :
Allo, olive, ça va ?
Ouais et toi ?
Bon ya du gibier d’arrivé, ya P….. qui à tapé des oies cette nuit………
Nan ? bouge pas j’arrive…
Je prend le chant, mes oies et la bouffe
Ok, j’amène mes sarcelles et l’équipe à Zorro (mes siffleurs), a tal
Alors, me voilà à la hutte. Le temps de décharger la voiture, de refaire la nuit d’avant, nous voilà dans les waders………piquage des cages à chanteuse, plateaux à sauvage, les oies et les blettes……..
Et nous voilà sur le paillasson pour faire la passée. On aperçoit quelques paquets de canard passant au loin, excité comme des puces on fini par rentrer au chaud. La nuit s’annonce terrible. Début de soirée calme, 3 ou 4 coup de tube retentir. Vers minuit, au trappes depuis avoir mangé, sans la moindre attaque de gibier nous avons un coup de barre. Mon collègue me dit : « Tu veilles ? moi j’en peux plus » « ouais vas-y je prend le tour ! je te réveil dans deux heures »
Me voilà aux guignettes, le moral en berne, mon espoir d’une super nuit annoncée s’amenuise. Mais je ne savais pas encore que j’allais être spectateur d’un scène inoubliable, que j’allais vivre un moment marquant dans la vie d’un huttier……..
Je regarde ma montre, « 0h20, oh non je vais pas tenir deux heures », les bras croisés la tête par-dessus, je me laisse aller dans un sommeil léger.
Ce que j’appelle le « sommeil du huttier », celui où l’on dort mais que d’une seule oreille, et au moindre petit coup de chant, notre instinct nous rappel a l’ordre. Tout a fait différent du sommeil bien profond du lit conjugal.
Donc j’en reviens au sujet principal……….Soudain, je me réveille en sursaut, rappelé a l’ordre par mes appelants. J’ouvre les yeux, j’y vois rien, le temps que je me réhabitue à la pénombre. Encore un peu troublé, je reconnais devant les trappes un essaim de moustique qui passe de la droite vers la gauche,………….Euh non c’est pas des moustiques…
Un vol de canard intéressé par notre flaque, balaye la surface de l’eau tel une escadrille d’abeille, ça part , ça revient, ça pique, ça remonte, un balai incessant de cri et de chant de toute part. Le vol casse, papillonne et envoi quelque éclaireurs a la pose…. Je compte…..3…….5….7….le reste de la troupe fini vite par faire de même……….12……18……22……….25……..27
Waouh, jamais vu ça, j’en reste bouche bai. Comme un enfant qui voit pour la première fois le Père noël. D’ailleurs c’était peut être mon cadeau de noël avant l’heure, car le réveillon n’était plus qu’a quelque jours. Il y avait 27 canards de posés, aux jumelles, j’identifie vite la silhouette trapue caractéristique du siffleur. Mes mains tremblaient déjà sous le coup de l’adrénaline, je me lève pour réveiller mon collègue :
« Eh, c’est posé !»
« Ouais j’arrive c’est quoi ? »
« Des siffleurs en bout de mare »
« Mais, qu’est-ce tu as ? »
« Ba…… j’en ai compté 27 ! »
« Quoi ?... mais t’es a bout toi, t’en peux plus » répond mon ami, se rendant compte de mon état
Nous voilà installé aux trappes tant bien que mal, j’étais dans un état que je ne peux pas vous traduire, ceux qui on déjà vécu ce moment comprendront :
«C’est loin, on peut pas tiré…. »
«Calme toi, tu va tous loupé »
Soudain, au loin dans le fond, retentit un accord, Brabraoum,……..M…e….Nos siffleurs s’envolent du bout de mare, reprit par nos appelants le gros de la troupe se relaisse tomber au milieu de mare à 25 mètres, seul 6 ou 7 repartent en rasant le toit de la hutte.
« Faut se dépêcher, t’en as ? »
« Prend a droite, moi a gauche »
J’en avais 5 ou 6 dans le U, mon collègue a peu près pareil.
« Prêt, un…..deux….. » brabrababroum
« yen a deux qui repartent »…. Boum… boum…..boum……..boumboum
« Regarde dans les blettes, yen a un qui travers, il remonte sur la berge…. »
Ni une ni deux, pantoufle aux pieds, fusil en main, je sort de la hutte et cours sur la berge, j’aperçois mon siffleur et lui assène un coup fatal « Pan ». Qu’il est magnifique ce joli mâle siffleur, tout en couleur, les pieds trempés mais je m’en fichais je rentre dans la hutte. Mon ami, avec les jumelles essayé de compter nos proies gisantes sur l’eau. Alors que je reprenais mes esprits il me dit, « j’en vois _ avec le tien ça fait _ ! » On était fou, on en revenait pas. C’était ma plus belle pose, la pose, « The Pose » celle qu’on n’imagine même pas, quand j’y repense j’en tremble encore….27 siffleurs……
Le temps d’enfiler mes waders et d’aller a l’eau, me revoilà les mains chargés de beaux gibiers. Des siffleurs de toute beauté, mais quel spectacle…………Comme des artistes montant sur scène, ils m’avaient impressionné, maintenant le rideau est tombé….
D’où venaient-ils ? des Pays-Bas, d’Angleterre…, je ne sais pas. Pourquoi avaient-ils choisi ma mare ? Pourquoi se sont-ils reposés ? Pourquoi tout ce chemin pour ça ? pourquoi……….pourquoi……
Le reste de la nuit fût calme, autant vous dire que je n’ai pas pu me rendormir. A la passée du matin une petite cane de sarcelle se posera au jour. On devinera aisément se qu’il s’est passé et notre chien la retrouvera désailée sur la berge. Quelques soins et du repos, à l’heure qu’il est, elle se fait courtisé dans mon parc. Fais moi beaucoup de petit ma belle……..
Encore longtemps, je me souviendrai de cette pose, de ce vol tourbillonnant par dessus la mare, de c’est « Wou Wiou » résonnant encore dans ma tète.
Cette émotion que j’ai ressenti, je crois que lorsque je ne l’a ressentirai plus, j’arrêterai. J’espère le plus tard possible. Cette chasse m’offre des choses que je ressent nul par ailleurs. Cette chose qui anime chacun d’entre nous, pour passer une nuit dans une cabane au bord de l’eau à attendre qu’un canard veuille bien tomber dans le piège qu’on lui tend. Çà peut paraître fou pour certains, mais pour moi c’est une partie de ma vie.
Par dessus l’étang, soudain j’ai vu, passé un vol de siffleurs……
Ils étaient beaux mes moustiques…….
Olivier