Voilà, voilà...
Sortie de l'Airbus climatisé...et sensation de pénétrer dans un four : il fait 36°, il est 18 h.
A Ouagadougou, les travaux sont terminés, l'aéroport est neuf, et soit-disant "aux normes de sécurité internationales"... ce qui ne nous empêche pas de zapper la queue du contrôle des visas, grâce aux bons soins de mon honorable correspondant local !
Contrôle des armes, retrouvailles...et bières fraîches ! Demain, départ pour la Brousse !
Retour à Ougarou, pour un p'tit coup de chasse au Buffle, et pour donner un coup de main à un ami Sud-Af' qui se lance au Burkina, et qui se retrouve avec pas mal de clients en même temps ! Le camp nous est réservé, tout le personnel est là, et je retrouve avec joie mon équipe de l'an passé : Michel, chauffeur-pisteur-guide, et Petit De Gaulle, pisteur hors-pair, ainsi nommé en hommage au Général, et raison de l'existence, sur le camp, d'un De Gaulle plus grand que lui...J'aime cette ambiance de chasses présidentielles ! Pour un peu, je chasserais volontiers en SM cabriolet, moi...
Départ à 5 h 30, pour être au cœur du sujet. Tout le monde guette le moindre mouvement dans la Brousse. Bingo ! Après 1 heure de maraude automobile, 3 grosses masses noires se défilent dans les pailles ! Tout le monde descend, et s'équipe en silence : carabine, trépied...et de l'eau. Beaucoup d'eau, je ne tiens pas à recommencer la désagréable expérience de l'an passé...
La piste est prise : De Gaulle ouvre la marche, suivent Michel, moi-même, et le Game Scout des Eaux et Forêts. Une carabine et un fusil "poupou" composent notre armement de campagne. Ce qui reste assez faiblard, en cas de palabres avec les bestioles. Va falloir s'appliquer sur la première balle...
On n'a pas fait 300 mètres qu'un grondement sourd retentit par 2 fois, sur notre droite. Ah ? Prudence, vigilance et circonspection, nous ne sommes plus seuls : Y'a aussi un Lion qui aimerait visiblement se tailler un steack dans MON Buffle...
Nous arrivons au contact des Buffles : 3 gros pères, un vieux et ses deux pages. Les trophées sont difficiles à apprécier, vu la hauteur des pailles. Les Buffles ne cessent de marcher, et remontent au vent, ce qui nous avantage. De Gaulle se retourne vers moi, un sourire de carnassier affamé éclaire son visage : c'est bon, ça va être la guerre !
Nous les remontons, et estimons leur direction. Il s'agit ensuite des les dépasser...et d'attendre qu'ils veuillent bien se présenter correctement !
3 fois, nous répéterons l'opération. Enfin : le Vieux est très vieux, très gros, et surtout, présente un trophée anormal : sa corne gauche est cassée depuis longtemps, visiblement. Un des 2 pages présente un meilleur trophée...mais d'une banalité affligeante ! Ce sera donc l'Ancien, ou rien !
Ils remontent toujours au vent. Dernier crochet, dernière remontée rapide, courbés dans les pailles, et attente. Les Buffles approchent, leurs dos noirs émergent des pailles jaunes. Un espace légèrement dégagé devrait me permettre de bien placer ma balle, si les bestioles veulent bien le traverser...
Ils arrivent ! Le Vieux en tête, droit sur nous. La .458 est sur le trépied. Les Buffles restent calmes, avancent doucement. On entend le bruit de la végétation sous leurs sabots. 30, 25, 20 mètres...Je devrais enlever la Leupold...
Pas le temps : le Vieux change de direction, et se positionne enfin de profil. Tir au défaut de l'épaule. Puis, le Buffle ayant pivoté de 45°, j'envoie une seconde Trophy Bonded à la volée, suivie rapidement d'une blindée !
Tout le monde a disparu ! Course sur 15 mètres. Ils sont là : le Vieux est sonné, mais toujours debout. Les pages cherchent d'où vient le danger, mufle haut, oeil mauvais... Je m'appuie sur l'épaule de Michel pour expédier une blindée supplémentaire dans l'épaule de l'Ancien, qui, enfin, se couche. Les 2 pages hésitent... Je recharge, au cas où...Finalement, les Buffles s'écartent, après le meuglement à mort de leur Patriarche.
Joie dans l'équipe ! Accolades, embrassades et félicitations mutuelles ! J'aimerais approcher le Buffle à bon vent, et par derrière, mais les pisteurs se précipitent vers ce qui constitue, maintenant, une formidable réserve de protéines !
Évidemment, comme dans les livres, le Buffle essaie de se redresser... Mes gastronomes s'éparpillent comme une volée de Moineaux ! Une ultime balle, dans le cou, enverra définitivement le Vieux Buffle cavaler dans les Savanes éternelles...
5 balles, toutes bien placées, auront été nécessaire pour venir à bout du Fauve. Le cœur est transpercé en son milieu, 2 balles sont dans l'épaule droite, cassée, et une traversante, tirée à la course, a pénétré derrière les côtes, en direction des épaules.
Mauvaise semaine pour ce Buffle qui, d'après les cicatrices à la gorge et les traces de crocs sur l'arrière-train, venait tout juste d'échapper au Lion...Son trophée est superbe et atypique, comme je les aime. Un très vieil animal...subtilisé au nez du Lion !
La suite...plus tard !