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 Récit :Matin d'automne pour Nos chasses

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La sarcelle à cagoule
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La sarcelle à cagoule


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Récit  :Matin d'automne pour Nos chasses  Empty
MessageSujet: Récit :Matin d'automne pour Nos chasses    Récit  :Matin d'automne pour Nos chasses  Icon_minitimeMar 8 Nov 2011 - 12:37

Récit : Matin d’Automne



Paradis des chasseurs et de la sauvagine, la Camargue se fait la complice chaque matin et chaque soir de ces hommes qui espèrent cueillir dans le ciel quelques oiseaux.



En cette nuit d’octobre, le ciel est étoilé contrastant avec les jours précédents ou il a plu fort de façon continue. Le vent marin ayant soufflé comme un perdu depuis le début de la semaine, on pensait que cela n’était pas prêt de s’arrêter mais les anciens au village avaient une fois encore eu raison des prédictions météo du journal télévisé. « Il ne pleuvrait pas le lendemain ». Et effectivement, dès la fin du jour le vent s’était orienté au Nord en une brise légère et le ciel s’était coloré de pourpre vers le couchant. Un vrai changement de temps, ce qui est toujours de bon augure pour voir des oiseaux. Car la chasse en Camargue dépend avant tout, et peut être d’avantage encore qu’ailleurs, de ces deux éléments que sont le vent et le niveau des eaux.

Dans la volière, les canes ont compris mon manège et saluent ma venue en caquetant autour de leurs males. Parce que le gibier connait « déjà la musique», il me parait inutile de prendre la batterie des chanteuses. Deux demi-cris à la voix douce, deux males, et Mélanie l’amassoire qui a déjà sauté dans la caisse. Cela doit suffire amplement. Non, finalement je vais aussi essayer cette jeune hybride mignon/hiver dont je n’ai jamais entendu la voix. La route est courte, cinq petites minutes seulement séparent le mas familial du marais de la commune. C’est avec tout le matériel sur le dos que je pars vers le clair d’eau ou se trouve mon poste. A force d’habitude je sais tous les passages et les pièges et arrive assez vite à un grand bouquet de tamaris isolé dans cette immensité de silence. C’est là que se trouve mon bateau laissé au bord de la « baisse ». Le sac à « pepettes » et les plombs pour les vivants sont là aussi. Sans arrêt j’entends « chiquer » des grives qui filent dans l’obscurité vers les Pyrénées qu’elles devront franchir pour atteindre l’hiver de la douce Andalousie ou, plus loin encore au-delà de la mer, les oliveraies du nord de l’Afrique. Elles nous reviendront au printemps, la tête pleine de soleil et de souvenirs. Formidable cycle de la migration des oiseaux…Une fois le sac et le fusil, la caisse des appelants et la chienne embarqués, il ne me reste plus qu’une grosse centaine de mètres à parcourir en poussant mon embarcation. J’avance avec difficulté et peste comme à chaque fois contre les chevaux qui ont piétiné les fonds en recherchant les herbes aquatiques dont ils se régalent. Comme je ne suis pas en retard je m’arrête pour souffler un peu. Mais le bruit de soie des ailes d’un canard qui s’envole me fait repartir aussitôt.
En arrivant à mon «agachon*», je bloque le bateau avec des piquets puis «l’habille» d’un filet de camouflage et quelques brassées de roseaux. La cache est prête, reste à disposer les appelants. Une calée claire, vingt formes tout juste, en paquets compacts espacés par de petits intervalles, pour que l’ensemble paraisse le plus naturel possible. Au centre et en « pointe » les deux males presque à se toucher ; les canes demi cri plus en retrait vers le poste et séparées d’une dizaine de mètres ; seule et à l’opposé la vielle amassoire devenue court-cri avec les années. Tout a sa place en cet endroit qui est mon lieu de chasse depuis bien longtemps. C’est ici que j’ai mille souvenirs… attentes inutiles et décourageantes ou réussite imprévue. C’est ici que j’ai appris à noyer la déception d’un jour dans les espérances du lendemain. Je laisse la petite sarcelle plus à l’écart sur la gauche avec deux formes en plastique qui je l’espère la tranquilliseront un peu pour ce baptême du feu. Elle tire un peu en bout de corde alors que je m’éloigne. Je sais d’où le gibier va arriver et c’est ce qui me guide dans cet agencement des leurres. Pas de vent ou presque ce matin, il faut s’arranger pour que les oiseaux passent au plus près. Je regagne le poste ou Manon a pris ses aises, charge la Benelli et allume une cigarette…Les appelants entonnent leur joyeux bavardage… Bien au-delà des grands roseaux on sent que le jour va naitre de l’horizon. Petit à petit on passera de l’ombre à la lumière et tout changera d’aspect, laissant parfois même croire que les choses changent de place au fur et à mesure que le jour apparait. Dans la pale lueur de l’aube l’ hybride chante discrètement d’une voix aigre qui semble interroger et se plaindre à la fois. Son attitude m’étonne aussi et cette curiosité me fait remarquer un sillon dans l’eau en bordure des roseaux. Cela ne peut être qu’une sarcelle, les canes auraient vu et annoncé l’arrivée d’un canard plus gros. La chienne aussi a compris qu’il se passe quelque chose et attend le coup de fusil mais au moment de presser la détente, les appelants préviennent que du gibier arrive. Du coin de l’œil, je devine deux silhouettes fugitives et indistinctes sur le ciel terne, deux petites boules surgies de la pénombre et qui posent déjà…deux sarcelles de plus. Celle qui était là part aussitôt rejoindre ses congénères et très vite les trois ne sont plus qu’une .Pas de temps à perdre…les voilà unies pour l’éternité. Ma brave Manon en rapporte deux d’un coup et file illico ramasser la dernière. Elle aime son métier et elle le fait bien! Nous échangeons un regard complice…Cela suffit à son bonheur. Un peu plus tard cinq colverts viennent passer hors de portée avec un mépris non dissimulé pour ces faux frères qui les appellent. Ceux là ont du naitre dans le coin et ont appris à se méfier de tout. Ils filent tout droit dans cette première lumière du jour et se perdent dans le lointain. Pourtant les appelants s’obstinent et insistent avec cette voix caressante qui indique l’arrivée du gibier. La vieille Mélanie rentre le cou en inclinant la tête. Elle aussi a vu ce canard qui randonne et «casse les ailes» par endroits sur le marais. Alors elle lance par deux fois son appel grave et trainant et le voyageur cède à l’invitation. Il est tout de suite là à papillonner sur le poste et je tire avant qu’il pose. Quand la chienne démarre je sais déjà qu’elle va rapporter le premier siffleur de la saison. Maintenant le soleil s’est installé dans un ciel incroyablement pur. La passée du matin est finie mais des bécassines commencent à bouger. Trois ici, cinq plus loin, il « navigue » des oiseaux un peu de partout. Je me dis qu’avec le ruissèlement de toute cette eau de pluie qui se déverse par les canaux et les roubines et fait encore monter le niveau du marais, les limicoles sont amenés à changer leurs habitudes et doivent chercher de nouvelles platières ou se nourrir. Une première « demoiselle au long bec » vient passer à l’aplomb du poste. Elle n’ira pas plus loin. Quatre autres arrivent déjà, un peu trop hautes, mais j’en décroche une que Manon met cinq bonnes minutes à retrouver dans un grand carré de joncs. Il vole des bécassines aux quatre coins du ciel qui semblent arriver de nulle part ou naitre de la terre. En fait c’est un chasseur à la botte qui fait voler en sillonnant à travers les points hauts de la palus. Je vais profiter de l’aubaine et griller une bonne trentaine de cartouches en à peine une heure avec un doublé difficile qui clôture les festivités. Il est des jours où tout veut sourire ce qui compense un peu des matins de déveine ou de maladresse. A présent plus rien ne remue. Les canes se sont tues depuis longtemps et le marais semble endormi dans cette indéfinissable douceur des matins d’automne. Je voudrais prolonger encore ces instants mais le moment est venu de refaire, à l’inverse, les gestes de la nuit. Pourtant on se sent si bien dans cette silencieuse rêverie, et je me plais à demeurer dans cette solitude de la Camargue authentique, loin de l’agitation du littoral sacrifié au tourisme par la cupidité des hommes, loin des images fabriquées et mensongères…Je reviendrai demain si le temps me plait. Car dans nos marais communaux chacun est encore libre de chasser à sa guise et selon son instinct, au petit bonheur du jour. C’est dans ces conditions que j’ai eu la chance d’apprendre la nature et les règles profondes de la vie sauvage. Années d’insouciante jeunesse aux aubes rouges de soleil dans les grands roseaux bruissant de vent, l’odeur de la vase et celle du marais après un orage d’été, ou le gout salé du vent sur le visage.

De retour au Mas, un vieil homme m’attend. Par la force du lien qui nous unit et à sa façon d’aller et venir je sais bien qu’il languit que je lui raconte ma chasse du matin. Les sarcelles, les bécassines et le siffleur, les eaux qui sont hautes et la petite hybride…Alors dans ses yeux qui ont vu tant et tant d’oiseaux nait cette petite lueur de fierté pour cet enfant devenu à son tour un homme de chasse. Au chenil, les chiens qui ont entendu sa voix s’impatientent et gémissent … Il s’en va les retrouver en sifflotant.

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