Quelques souvenirs pour vous faire passer le temps en attendant le grand jour
C'était il y a une dizaine d'années,fin octobre.
L'après-midi j'avais assisté à l'enterrement de la mère d'un ami du gabion;Quelle tristesse dans cette église de campagne,sous une pluie diluvienne;Et la mise en terre sous la pluie glacée qui redoublait
acheva de me saper le moral.Je partageais totalement la tristesse de cette famille .
A la sortie du cimetière j'hésitais entre rentrer chez moi, bien au chaud, et aller au gabion (c'était mon jour et on était fin octobre)
L'hésitation ne fut pas longue,mes chiens qui me suivent partout,dormaient dans le coffre du break et au gabion j'avais un fusil,des vêtements de rechange et de quoi grignoter.Sur le parcours de 50km pour aller au marais,je trouverais bien un boulanger !
Arrivée au marais il fait nuit,les vents sont SO (pas terrible) et toujours cette pluie drue.Je pique une dizaine de C.V. et quand j'ai fini je constate que le vent est sud et même légèrement SE !!
Je m'y recolle et modifie la pique SE.(c'est souvent par SE que nous réussissons le mieux dans ce gabion).
Trempé jusqu'au slip,je cavale à mon auto pour enfiler des vêtements secs,je mets les chiennes dans leur chenil et ,enfin,je m'installe.Devant les guignettes je regarde ma pique:ça me plait,j'ai laissé une grande aire de pose devant et à droite.Le vent est maintenant bien installé SE.C'est très confortable (le gabion étant NE) il suffit de fermer le guichet à l'est et on est totalement protégé du vent.
Je veille.Pas un tir sur le marais jusqu'à minuit.Juste le bruit du vent (fort),de la pluie et du clapot.J'ai faim,je branche le veilleur et ferme les guignettes.
1/2 h plus tard,j'en suis au café quand j'entends une oie.Je pense que c'est une des nôtres ,dans le parc.Mais les chants continuent et là je comprends:Je coupe la lumière et ouvre le guichet central pour voir passer 15 oies,à ras de l'eau et entendre ce bruit caractéristique de la pose.Je suis au bord de la syncope ! j'entrebâille le guichet de droite : A 35m j'ai 3 oies groupées et à 45/50m,légèrement à droite,le reste de la bande,12 oiseaux !!!
Le temps de changer mes cartouches de 8 et 7 1/2 avec deux de 6,je réouvre mon guichet de droite: Rien n'a bougé,les cous restent tendus.Vite je mets les 3 cous et têtes des plus proches dans le U du viseur,deux doigts dans les deux queues de détente et BAOUUMMM.
Sur l'eau il reste 3 gros oiseaux.Je suis sur un nuage!!
Je sors ,avec mes filles,ramasser et contempler ces gibiers d'exception.Mes chiennes sont ravies,comme moi.Mais je prends une nouvelle douche car la pluie est toujours aussi forte.
Le matin pose de 4 souchets dont deux groupés et une bécassine à l'envol ,en dépiquant (Il pleut encore).
Comme chance et malchance se marient bien,la ventilation de ma voiture m'a lâché ce matin là.Je vous laisse imaginer mes 100km de retour,dans une voiture sans dégivrage avec 2 labradors dégoulinants et moi ,trempé ,tenant le volant d'une main et un chiffon de l'autre ,pour essuyer vitres et pare-brise constamment embués.
Eh bien c'est un de mes meilleurs souvenir de hutte.Et je n'ai même pas attrapé un rhume !
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Celles là,viennent du site ,Gibier d'eau.
"René"
René est un copain de chasse en plaine,qui rate bien souvent le gibier que nous lui envoyons mais excellent compagnon et toujours de bonne humeur.
Un jour je l'invite au gabion,chasse qu'il ne connait pas.Il est ravi et ,comme un enfant,ne cesse de me remercier et me dire qu'il est content.
Moi ,je suis un peu inquiet:Grand soleil,vent Sud à SO,pas vraiment le temps idéal,en cette fin octobre,pour un mouvement de gibier.Pendant les 100km,tout en conduisant,je lui fais un vrai "briefing"de la chasse au gabion,de ce qu'il faut faire,ne pas faire et les mesures de sécurité.
Déjeuner au soleil,au cul du gabion,puis tour de mare et des platières à bécassines:Pas un piaf !Je suis inquiet,ça sent la bredouille.Pour éviter ça,je décide de lui faire tirer un des faisans qui se réfugient dans la bande de roseaux ,conservée le long du chemin pour masquer l'arrivée des voitures.Les 2 chiennes nous font un rabat soigné mais rien !!
Passée du soir derrière le gabion:Pas une plume !Nous rentrons.
Veille en discutant derrière les guichets ,pendant 2 bonnes heures,toujours rien !Nous allons nous venger sur le jarret de porc aux lentilles.René est toujours content,cette chasse lui plait.
Vers 23h30,au fromage,j'entends mes canes qui tapent juste une fois.Je vais aux guignettes sans trop y croire:Dans mes jumelles de nuit,juste en face,il y a 3 boules noires à 30/35m.
Je passe mon cal.12/70 habituel à René,prends ,pour l'étrenner le nouveau canardouze et vais commander le tir mais René ,qui voyait très bien les canards dans les jumelles est incapable de les prendre dans la lunette.
Pour "assurer" je décide de tirer seul:René est aux jumelles vision nocturne,les 3 canards espacés de 60cm à 35m,une seule douille doit suffire.Baoum! 2 seulement restent !! curieux,avec mon vieux 12 je suis sûr que les 3 y seraient. Enfin!René exulte .Il veut qu'on aille les chercher tout de suite.J'ai beaucoup de mal à lui expliquer que le peu de vent va les pousser vers la berge d'en face.Nous restons 1/4h à les regarder dériver mais le vent est très faible et je décide d'aller finir le repas.René est stressé,il a peur qu'on perde ces canards.
Après le dessert et le café,avant de sortir,je vais jeter un coup d'oeil de principe aux guignettes.Incroyable !Il y en a 2 autres posés,toujours à 35m,un peu plus à droite.Comme René n'arrive toujours pas à les mettre dans la lunette je les tire:0 !
Un peu énervé, je sors et libère les chiennes qui disparaissent dans la nuit et la brume.René voudrait courir derrière elles,mais déjà elles reviennent avec 2 siffleurs (1 mâle,1 femelle),bien blancs dessous,le mâle bien en plumage,superbes!René est ravi.
Nous restons encore 1h aux guignettes ensemble,puis René prend la 1ère veille .2h après je vais le relayer mais il refuse d'aller se reposer et reste avec moi. R.A.S. jusqu'à la passée où,juste avant le jour,3 oiseaux posent dans la brume.Je les tire (René ne les voit même pas dans les jumelles).2 restent.
En sortant j'envoie mes filles ramener les 2 pièces qui flottent à 35m devant le gabion.2 souchets.
Et en faisant le tour de la mare pour dépiquer,les chiennes retrouvent:Le 3ème siffleur de la 1ère pose,mort en bord de l'eau dans les joncs,le 3ème souchet du matin,à 30m dans la platière en face du gabion,et 2siffleurs (la 2ème pose)morts aussi en bord de mare .
Incroyable mais vrai !
J'ai René comme témoin.
En conclusion, ayez des bons chiens et en achetant un fusil,ciblez vos canons!
cette aventure et bien d'autres semblables m'ont fait commander de nouveaux chokes chez Rog pour mon canardouze.
René,lui,reste persuadé qu'à la hutte tout est facile.
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Les "Touristes"
Voila un sujet que vous n'avez pas encore abordé.Pourtant je suis sûr que vous en connaissez aussi .Deux exemples :
Le premier c'est le copain qui m'a amené à ce gabion où je chasse depuis.Ce type doit être un hybride humain-marmotte !
Il a une puissance de sommeil incroyable . Un jour,une fin novembre bien fraîche,il arrive à la nuit,on dîne vers 20h (dehors c'est très calme) et à 21h il prétexte une réunion importante à son bureau le lendemain matin et se couche !!
Moi j'ai l'habitude et je prends la veille :Les vents sont Sud mais il fait bien froid dans la salle de tir.A minuit ça tourne Nord-ouest.Sympa !Je décide de changer la pique et j'essaie de le réveiller pour m'aider.Sans succès !J'enfile mes waders et j'y vais ,après avoir éteint la lumière et laissé guignettes et porte ouvertes pour aérer le gabion.
A l'époque on piquait encore aux poids et je connaissais mal le fond de tourbe de la mare et les nombreux trous dont il fallait se méfier.
A la fin de ma pique,au dernier canard à placer,mes jambes s'enfoncent dans la tourbe et je me retrouve avec de l'eau à 5cm du haut de mes waders.J'appelle ,je hurle (tout le marais a du m'entendre).Par les guignettes ouvertes n'arrivent que le bruit de ses ronflements !!!! Il ne s'est pas réveillé et moi j'ai pris un bain total.
Le 2ème est le petit fils d'un grand chasseur,auteur de nombreux livres sur notre sport.Il me dit vouloir connaitre la chasse au gabion qu'il n'a pratiqué qu'une seule fois,avec son grand père.Je me dis que les gènes vont parler et je l'invite.
Il prend la 1ère veille.Moi ,méfiant, je branche le veilleur et somnole.Tout d'un coup je suis réveillé par un bruit étrange:On dirait un moteur d'avion qui a des ratées.
J'entre dans la salle de tir :Il dort,affalé sur un guichet,la bouche contre le micro du veilleur !!