Située à l’Est de la France dans le département de la Moselle, l’usine Total de Carling - Saint-Avold vient d’être le siège d’une violente explosion. L’accident s’est produit à 15 h 15, au cours d’opérations de redémarrage du vapocraqueur numéro 2, un dispositif servant à produire de l’éthylène et du propylène, à la suite d’un arrêt lié aux récentes intempéries. Au cours de ces opérations, une unité de production de vapeur a explosé pour une raison qui demeure encore inconnue. Pour le moment, le décompte provisoire des victimes s’établit à deux morts et six blessés.
Si aucun départ de feu n’a été enregistré, plusieurs personnes seraient encore ensevelies sous les décombres d’après la préfecture de Moselle. Une vingtaine de véhicules des sapeurs-pompiers et une cinquantaine d’hommes seraient à ce titre sur place.
Selon le groupe Total qui exprime "à l’ensemble des victimes et à leurs proches son émotion et sa solidarité", le site aurait été sécurisé et "aucun risque de pollution n’est à craindre".
Avec une production s’étendant des produits pétrochimiques de base comme l’éthylène (250 000 tonnes/an), le propylène, le méthane et le styrène, aux plastiques de grande consommation tels que le polyéthylène (170 000 tonnes/an) et le polystyrène (180 000 tonnes/an), cette usine emploie près de 530 personnes. Située à proximité des frontières allemande, belge et luxembourgeoise, elle est reliée à nombre de raffineries Total via un important réseau de pipelines.
Une cellule d’information et de soutien aux familles des victimes ainsi qu’à leurs collègues de travail est en cours de mise en place.
"L'accident s'est produit au cours d'opérations de redémarrage du vapocraqueur"
"Cette nuit, ce vapocraqueur a été arrêté suite à un risque d'orage par mesure de sécurité, rapporte le délégué. C'est une procédure habituelle et classique. Les opérateurs ont redémarré leur unité au matin. L'explosion a eu lieu lors de la mise en service d'un surchauffeur."
Le vapocraquage est le principal moyen de fabrication des intermédiaires de première génération. Comme le craquage catalytique (voir le chapitre sur le pétrole), il consiste à casser les molécules de la charge, par pyrolyse, pour obtenir des molécules plus petites. De plus, il est réalisé en présence de vapeur d'eau qui sert à diluer les hydrocarbures pour éviter les réactions parasites d'aromatisation des cycloalcanes ou de Diels-Alder aboutissant à la formation de goudrons et de coke par condensation. On utilise entre 0,25 et 1 tonne de vapeur d'eau par tonne d'hydrocarbure à craquer. La charge peut être lourde (gazoles), moyenne (naphta) ou légère (éthane, propane, butane). En Europe et au Japon le naphta représente 70 à 80 % des charges vapocraquées ; aux États-Unis l'utilisation des charges légères est majoritaires. Les conditions opératoires et la composition du produit obtenu dépendent de la nature de la charge